À quoi sert un prévisionnel de trésorerie ? (Template)

Auteur

Yannick Bouffar-Roupé

Date de publication

décembre 5, 2024

plan de trésorerie

La trésorerie peut être comparée au carburant d’une voiture : sans elle, même les meilleurs projets ne peuvent avancer. Pourtant, la gestion de trésorerie reste l’un des défis les plus sous-estimés par de nombreux dirigeants, qu’il s’agisse de startups, de TPE ou de PME bien établies.

Le plan de trésorerie prévisionnel est un outil fondamental pour anticiper les mouvements financiers de l’entreprise. Il ne se limite pas à dresser un simple état des lieux des encaissements et des décaissements. Il permet de

  • prendre des décisions éclairées,
  • anticiper les périodes de tension financière,
  • saisir des opportunités de développement.

Cet exercice de projection est encore plus important si vous évoluez dans un secteur qui peut être volatile comme la restauration par exemple.

Les composantes d’un plan de trésorerie prévisionnel

Avant de se lancer dans la construction d’un plan de trésorerie fiable, il faut identifier les différents flux financiers de l’entreprise. Ces flux se répartissent en trois catégories principales : les encaissements, les décaissements, et les impacts fiscaux.

Les encaissements

Un encaissement correspond à une entrée d’argent dans la trésorerie de l’entreprise. Un plan de trésorerie doit inclure toutes les recettes attendues.

Les sources d’encaissement les plus courantes sont :

Types d’encaissementsDescription
Le chiffre d’affaires TTCMontant total des ventes réalisées, en tenant compte des délais de paiement clients.
Les apports financiers
  • Apports en capital (par les associés).
  • Apports en compte courant (financements temporaires des associés).
Subventions et aides publiquesFinancements obtenus auprès d’organismes ou d’autorités publiques.
Remboursements fiscauxCrédits de TVA, crédits d’impôt.
Autres produits financiersDividendes reçus, intérêts sur des placements.

Exemple pratique d’utilisation d’un plan de trésorerie pour optimiser vos encaissements.

Estimer les délais de paiement clients

Analyser l’historique des paiements vous permet d’estimer les délais moyens de règlement de vos clients pour affiner vos prévisions.
Exemple : Si votre délai moyen est de 60 jours et que vous réalisez une vente en janvier, l’encaissement effectif sera en mars.

Catégoriser vos clients :
  • Clients ponctuels ou fidèles.
  • Clients à risque (retards fréquents).
  • Adapter vos prévisions en fonction de leur comportement.

Anticiper les décalages de trésorerie : Une PME facturant 100 000 € TTC en janvier avec 30 jours de délai de paiement devra attendre février pour encaisser cette somme, tout en supportant des dépenses immédiates.

Les décaissements

Un décaissement désigne une sortie d’argent de la trésorerie de l’entreprise. Ce sont les flux financiers sortants liés aux dépenses nécessaires au fonctionnement, au développement ou aux obligations financières de l’entreprise. Ces sorties réduisent le solde de trésorerie disponible.

Types de décaissementsDescription
Les investissements
  • Achat de matériel, équipements, logiciels.
  • Dépenses liées à l’acquisition d’actifs immobiliers.
Les achats (TTC)
  • Matières premières.
  • Fournitures et consommables.
Les frais généraux (TTC)Loyers, honoraires, assurances, télécommunications, frais de transport
Les charges de personnel
  • Salaires nets versés.
  • Charges sociales (mensuelles ou trimestrielles).
Les impôts et taxesTVA à payer, impôt sur les sociétés, taxes locales (CFE, CVAE).
Les charges financières
  • Remboursement des emprunts.
  • Intérêts bancaires.
Les autres sorties spécifiques
  • Dividendes versés aux associés.
  • Remboursements d’apports en compte courant d’associé.

Les impacts fiscaux

La fiscalité joue un rôle clé dans les flux financiers d’une entreprise. Négliger ces aspects peut entraîner des tensions de trésorerie imprévues.

Les principaux impacts fiscaux à intégrer sont :

  • La TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) :
    • TVA collectée : sur vos ventes.
    • TVA déductible : sur vos achats.
    • Différence nette à reverser à l’administration fiscale : Par exemple, si vous facturez 20 000 € TTC en janvier et que vos achats sont de 10 000 € TTC, vous devrez payer une TVA nette de 2 000 €.
  • Impôt sur les sociétés (IS) : Prévoir les échéances trimestrielles (acompte) ou annuelles. Par exemple, pour un bénéfice imposable estimé à 50 000 €, l’IS dû pourrait être de 12 500 € (taux à 25 %).
  • Les taxes locales :
    • Contribution Foncière des Entreprises (CFE).
    • Contribution sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE).

Comment construire un plan de trésorerie prévisionnel efficace ?

Pour les entreprises existantes : s’appuyer sur les données disponibles 

Si votre entreprise existe, un des gros avantage est que vous possédez déjà de la donnée exploitable. 

Étapes pour construire le plan

  1. Analyse des comptes annuels :
    • Consultez le dernier compte de résultat pour identifier les principaux postes de revenus et de charges.
    • Intégrez les variations saisonnières ou récurrentes (pic d’activité, baisse saisonnière).
  2. Exploitation des historiques comptables :
    • Analysez les données du grand-livre pour retracer les modalités de règlement des fournisseurs et clients.
    • Identifiez les écarts de trésorerie passés pour anticiper les décalages futurs.
  3. Projection des évolutions à venir :
    • Anticipez les variations prévisibles : augmentation des ventes, nouvelles embauches, investissements prévus.
    • Tenez compte des tendances sectorielles : par exemple, une hausse du coût des matières premières.

Précautions à prendre

  • Intégrer une marge de sécurité : Ajoutez 10-15 % aux charges variables pour couvrir les imprévus.
  • Ne pas surévaluer les encaissements : Tenez compte des retards de paiement éventuels.

Exemple pratique : Si une entreprise a réalisé 500 000 € de chiffre d’affaires en 2023 avec une croissance annuelle moyenne de 10 %, le CA prévisionnel pour 2024 pourrait être estimé à 550 000 €, en tenant compte des délais de paiement clients.

Pour les entreprises en création : anticiper sans historique

La spécificité de la création est l’absence de données historiques rend les prévisions plus complexes mais pas impossibles. L’entrepreneur doit s’appuyer sur :

  • Des scénarios multiples :
    • Pessimiste : chiffre d’affaires faible, retards clients, dépenses imprévues.
    • Réaliste : basé sur les hypothèses les plus probables.
    • Optimiste : ventes dépassant les prévisions, coûts maîtrisés.
  • Des données externes fiables :
    • Études de marché pour estimer la demande.
    • Benchmarks sectoriels pour comparer les charges courantes (salaires, loyers, marketing).

Nos conseils pratiques 

  1. Lister toutes les hypothèses de revenus et dépenses :
    • Revenus : volume de ventes, prix moyen, délai de paiement.
    • Dépenses : loyers, frais de démarrage, coûts variables (matières premières, marketing).
  2. Utiliser des ratios sectoriels :
    Par exemple, pour un commerce, les charges de personnel représentent souvent 20-30 % du chiffre d’affaires.

Exemple: Une boulangerie en création peut estimer un chiffre d’affaires prévisionnel de 120 000 € la première année en se basant sur une moyenne de 100 clients par jour, un panier moyen de 4 €, et une ouverture de 300 jours/an.

Exemple simplifié de prévisionnel de trésorerie

MoisJanvierFévrierMarsAvrilMaiJuinJuilletAoûtSeptembreOctobreNovembreDécembre
Apports en capital2 00000000000000
Apports en comptes courants15 000000010 000000000
Emprunts30 00000000000000
Ventes de marchandises12 00015 00015 50016 00016 50016 50017 00017 00017 50018 00018 00018 500
Chiffre d’affaires (Total)12 00015 00015 50016 00016 50016 50017 00017 00017 50018 00018 00018 500
Remboursement du crédit6 0006 0006 0006 0006 0006 0006 0006 0006 0006 0006 0006 000
TVA2 0001 8001 8001 8002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 000
Total des encaissements59 00015 00015 50016 00016 50026 50017 00017 00017 50018 00018 00018 500
Immobilisations corporelles10 00000002 000000000
Immobilisations (Total)25 00000005 000000000
Échéances d’emprunts800800800800800800800800800800800800
Achats effectués de marchandises6 0008 0008 0008 0008 5008 5009 0009 0009 50010 00010 00010 500
Achat effectué (total)6 0008 0008 0008 0008 5008 5009 0009 0009 50010 00010 00010 500
Fournitures consommables1 2005005005001 0005005005001 0005005001 000
Services extérieurs1 5001 0001 0001 0001 5001 0001 0001 0001 5001 0001 0001 500
Charges externes (Total)4 2003 0003 0003 0004 0003 0003 0003 0004 0003 0003 0004 000
État – Impôts3 0003 0003 0003 0003 0003 0003 0003 0003 0003 0003 0003 000
Salaires nets (salariés)5 0005 0005 0005 0005 0005 0005 0005 0005 0005 0005 0005 000
Charges sociales (salariés)2 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 000
Charge de personnel (Total)7 0007 0007 0007 0007 0007 0007 0007 0007 0007 0007 0007 000
TVA à payer2 0001 8001 8001 8002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 0002 000
Total des décaissements52 00045 10045 10045 10048 00045 80045 80045 80049 80045 80045 80049 800
Solde précédent20 00027 00012 00013 00014 00011 00010 00015 00016 00017 00018 00019 000
Variation de la trésorerie7 000-12 0001 0001 5002 50010 700-1 8002 000-2 3002 2002 2002 700
Solde de trésorerie27 00015 00013 00014 50016 50021 7008 20017 00013 70019 20020 20021 700

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À propos de l'auteur Yannick Bouffar-Roupé

Depuis ses débuts en 1996, Sermorens Consultants, le cabinet familial fondé par son père Jean-Louis, a su se distinguer par son intégrité, sa qualité de service et son engagement envers ses clients. Sous la direction de Yannick, le cabinet a connu une croissance remarquable, passant de 3 collaborateurs à ses débuts à 34 en 2023, tout en continuant à offrir des prestations personnalisées grâce à une organisation en pôles spécialisés.