Comment anticiper les impôts et cotisations sur sa première année d’activité ?

Auteur

Jean-Noël Bouffar-Roupé

Date de publication

septembre 15, 2025

Entrepreneur avec une pancarte "open" symbolisant l'ouverture de son entreprise

La première année d’activité est souvent centrée sur le lancement commercial : trouver ses premiers clients, structurer son offre, faire connaître son entreprise. Mais derrière cet élan, une réalité s’impose rapidement : les impôts et cotisations arrivent toujours. Et leur fonctionnement peut surprendre les nouveaux dirigeants, notamment en raison de l’absence ou du faible montant des acomptes la première année… suivis d’une régularisation parfois importante la suivante.

Cet article en bref ⚡

Pourquoi c’est important

  • La première année, les impôts et cotisations peuvent sembler faibles.
  • Mais une régularisation intervient souvent en année 2.
  • Objectif : éviter le choc de trésorerie.

Quelles charges anticiper

  • Impôt sur les bénéfices (IR ou IS)
  • TVA selon le régime choisi
  • CFE dès la 2ᵉ année

Cotisations sociales

  • TNS : appels faibles la 1ʳᵉ année → rattrapage possible
  • Assimilé salarié : coûts plus élevés mais réguliers

Comment anticiper

  • Tableau de provisions mensuel
  • Simulation URSSAF / impôts
  • Provisions dédiées sur un compte séparé

Pourquoi la première année est piégeuse

La première année d’activité peut réserver des surprises financières.

D’abord, les entreprises paient souvent peu ou pas d’acomptes pendant cette période.

Ensuite, survient la régularisation l’année suivante : ajustement des impôts et cotisations selon les résultats réels.

Ce décalage crée un « effet retard » avec un risque : tout tomber d’un seul coup et fragiliser la trésorerie.

Anticiper, provisionner et planifier sont donc essentiels.

Quelles charges fiscales prévoir dès le départ ?

Impôt sur les bénéfices (IR / IS)

La déclaration des résultats est annuelle. Chaque entreprise dépose une déclaration d’impôt sur les bénéfices.

À l’IS, des acomptes sont dus en principe. Ils sont calculés sur le dernier exercice clos.

Entreprise nouvelle : il peut n’y avoir aucun acompte la 1re année. Anticipez la régularisation en année 2.

Acomptes parfois non dus la 1re année : prévoyez un budget pour la régularisation l’année suivante.

TVA : quand elle s’applique et comment la provisionner

La TVA s’applique au-delà de seuils ou sur option. Le régime choisi fixe les échéances (franchise, réel simplifié, réel normal).

En franchise en base : pas de déclaration, pas de collecte, mais pas de déduction de TVA.

Anticipez un passage au réel si l’activité progresse. Commencez à provisionner la TVA collectée.

Franchise en base : zéro déclaration… et zéro déduction. Surveillez les seuils pour éviter une bascule subie.

CFE : exonération la première année (souvent), facture ensuite

La CFE n’est pas due l’année de création de l’établissement imposable.

Vérifiez les conditions locales et cas particuliers. Certaines situations dérogent.

Planifiez la charge pour l’année suivante afin d’éviter l’effet de surprise.

CFE : exonérée l’année 1 dans la plupart des cas. Inscrivez la CFE de l’année 2 dans votre budget.

Cotisations sociales : le vrai piège de la 1ʳᵉ année

Dirigeants TNS : cotisations provisionnelles puis régularisation

Pour les dirigeants TNS, les cotisations sociales sont calculées la première année sur une base forfaitaire ou estimée, car les revenus réels ne sont pas encore connus.

Lorsque la déclaration de revenus est effectuée, l’URSSAF ajuste les montants dus. Cette régularisation peut entraîner un appel complémentaire important, parfois plusieurs mois après le lancement.

Les cotisations semblent faibles au début… puis un rattrapage peut tomber d’un coup si la société a bien performé.

Pour éviter cette surprise, il est recommandé de provisionner chaque mois un pourcentage du revenu, de suivre l’évolution de la trésorerie et d’adapter les acomptes en cours d’année si nécessaire.

Il est également utile de se référer au calendrier de paiement afin d’anticiper les échéances futures.

Assimilé salarié : charges régulières mais plus élevées

Le dirigeant assimilé salarié relève du régime général. Les cotisations sont prélevées régulièrement sur chaque rémunération versée.

Ce système offre une bonne visibilité sur le coût social et limite les régularisations importantes l’année suivante. En contrepartie, il nécessite une trésorerie stable dès le démarrage.

Un statut plus protecteur… mais aussi plus coûteux pour l’entreprise dès le premier salaire.

Ce statut implique également des obligations déclaratives supplémentaires : bulletins de paie, DSN, etc. Des outils adaptés ou un accompagnement peuvent être nécessaires.

Comment anticiper financièrement ?

Mettre en place un tableau de provisions (mensuel)

Créez un tableau qui liste tous vos impôts et cotisations mois par mois.

Inscrivez les montants estimés, les échéances, et suivez l’évolution chaque mois.

Simuler via services URSSAF + simulateurs officiels

Utilisez les simulateurs de cotisations disponibles sur le site URSSAF pour indépendants.

Estimez vos charges sociales selon votre statut et votre activité. Cela permet de provisionner de manière réaliste.

Facturer la TVA même si franchise en prévision de changement de seuil

Même si vous bénéficiez de la franchise en base de TVA, anticipez une possible bascule au régime réel.

Commencez à facturer comme si la TVA était collectée et créez une ligne « TVA à reverser » pour provisionner.

FAQ – Anticiper impôts & cotisations la première année

Pas toujours. Pour une entreprise nouvelle, les acomptes peuvent être très faibles voire nuls. Une régularisation interviendra l’année suivante.
Non : dans de nombreux cas, la CFE n’est pas due l’année de création de l’établissement. Cependant, il faut prévoir la charge pour l’année suivante.
Créer un tableau de provisions mensuel, utiliser les simulateurs officiels (ex : URSSAF) et réserver chaque mois une part de revenus pour éviter une régularisation surprise.
Pas nécessairement. Vous pouvez bénéficier de la franchise en base. Mais si votre activité évolue, anticipez un passage à un régime réel et préparez-vous à collecter et reverser la TVA.
En règle générale, prévoyez entre 25 % et 45 % du résultat ou de la rémunération, selon votre statut (TNS ou assimilé salarié) et la forme juridique.

À propos de l'auteur Jean-Noël Bouffar-Roupé

Fort de 21 années d’expérience au sein du cabinet Sermorens Consultants, Jean-Noël Bouffar-Roupé est Chef de mission, où il accompagne de manière rapprochée les entrepreneurs dans l’atteinte de leurs objectifs de réussite. Ses 21 années passées dans le cabinet lui ont permis de développer une solide expertise en gestion comptable, fiscale et financière