Création d’entreprise : Obligations fiscales

Auteur

Jean-Noël Bouffar-Roupé

Date de publication

juillet 12, 2025

Entrepreneurs s'occupant de ses obligations fiscales

La comptabilité fait partie des premières obligations auxquelles une entreprise doit se conformer dès son lancement. Qu’il s’agisse d’une société ou d’une entreprise individuelle, et quel que soit le régime fiscal choisi, certaines règles doivent être respectées pour garantir la transparence, la conformité légale et une bonne gestion de l’activité.
Cet article fait le point sur l’ensemble des obligations comptables de la première année, en tenant compte des spécificités selon les statuts et les régimes applicables.

Importance du choix du régime fiscal (IR / IS)

Le choix du régime fiscal à l’imposition des bénéfices entre l’Impôt sur le revenu (IR) et l’Impôt sur les sociétés (IS) est stratégique.

L’impact de l’imposition sur la trésorerie.

  • En cas d’imposition à l’IR, les bénéfices de l’entreprise sont imposés directement au nom de l’entrepreneur ou des associés. Ce qui peut générer une imposition sans qu’un versement de dividendes ne soit effectué.
  • En revanche, sous le régime de l’IS, l’entreprise est imposée sur ses bénéfices. Les associés ou dirigeants ne sont imposés personnellement que lorsqu’ils perçoivent une rémunération ou des dividendes.

  • Ce choix a un effet immédiat sur la trésorerie : sous IS, une partie des bénéfices peut rester dans l’entreprise pour financer son développement avant distribution, alors que sous IR l’imposition intervient dès le bénéfice même non distribué.

Déclarations et obligations fiscales

  • Le régime choisi détermine les formulaires à déposer, les fréquences des acomptes et la nature des obligations fiscales. Par exemple, une SARL soumise à l’IS doit déposer la liasse fiscale et payer des acomptes d’IS.
  • Le fait de passer de l’IR à l’IS (ou inversement) modifie également les règles de déclaration et peut entraîner des obligations différentes pour les exercices à venir.
  • Le fait de passer de l’IR à l’IS (ou inversement) modifie également les règles de déclaration et peut entraîner des obligations différentes pour les exercices à venir.

Autres impacts importants

Le régime fiscal influence le régime social du dirigeant dans certaines formes juridiques. 

  • À l’IR, les bénéfices peuvent être soumis aux cotisations TNS.
  • À l’IS, ce sont essentiellement les rémunérations qui sont assujetties.

Le traitement des résultats déficitaires peut varier selon le régime : À l’IS, les déficits peuvent être reportés indéfiniment sur les exercices futurs sous certaines conditions, ce qui peut être un avantage en phase de lancement.

Les déclarations fiscales dès le démarrage

Déclaration d’existence auprès du SIE (formulaire M0 / M3)

Lors de la création d’une entreprise ou d’une société, une déclaration d’existence doit être réalisée auprès du centre de formalités des entreprises (CFE). Pour une société commerciale, l’imprimé classique était le formulaire Formulaire M0 (Cerfa n° 13959*04) qui permet d’indiquer notamment la forme juridique, la date de début d’activité, l’adresse du siège et la date de clôture du premier exercice.

Ce formulaire est essentiel car il permet à l’administration fiscale et aux autres organismes de connaître les options fiscales du créateur (régime d’imposition, TVA, etc.). Le choix effectué à cette étape va orienter les obligations déclaratives et les échéances à venir.

Déclaration de TVA selon le régime applicable

Dès le lancement de l’activité, l’entreprise doit s’attacher à déterminer sous quel régime de TVA elle sera assujettie. En France, trois principaux régimes d’imposition à la TVA existent : le régime de la franchise en base, le régime réel simplifié et le régime réel normal.

  • Franchise en base de TVA : Ce régime exonère l’entreprise du paiement de la TVA et de ses déclarations, à condition que le chiffre d’affaires ne dépasse pas certains seuils.

  • Régime réel simplifié : Lorsque l’entreprise dépasse les seuils de la franchise, ou opte volontairement, elle peut passer au régime réel simplifié, avec des obligations déclaratives allégées par rapport au régime réel normal.

  • Régime réel normal : Il s’applique notamment dès que l’entreprise dépasse des seuils élevés de chiffre d’affaires HT. Dans ce régime, les déclarations de TVA sont plus fréquentes (mensuelles ou trimestrielles).

Les obligations fiscales liées aux résultats de l’entreprise

Déclaration de résultat : IS ou IR selon statut

À la clôture de chaque premier exercice, l’entreprise doit déclarer ses résultats. Si elle est soumise à l’Impôt sur les Sociétés (IS), elle dépose le formulaire n° 2065-SD.

Si elle est soumise à l’Impôt sur le Revenu (IR), notamment pour les entreprises individuelles ou certaines sociétés de personnes, la déclaration de résultats est faite au titre du bénéfice ou des pertes à reporter dans la déclaration personnelle.

Cette obligation s’applique dès la première année d’activité, même si l’exercice est inférieur ou supérieur à 12 mois.

Paiement de l’impôt : acomptes, solde, particularités première année

Pour les sociétés soumises à l’IS, le paiement de l’impôt se fait généralement en quatre acomptes trimestriels, puis un solde en fin d’exercice.

Particularité première année : les sociétés nouvellement créées (ou nouvellement soumises à l’IS) peuvent être dispensées du versement d’acomptes pour leur premier exercice.

Les échéances des acomptes dépendent de la date de clôture de l’exercice.

Quant au solde de l’impôt, il doit être payé au moment de la liquidation des résultats définitifs de l’exercice clos.

Taxes locales et contributions obligatoires

La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE)

  • L’entreprise n’est pas redevable de la CFE l’année de sa création, quelle que soit la date de création.
  • L’appel de la CFE arrive à la fin de l’année suivante, après la clôture de la 1ʳᵉ année.

La Contribution à la formation professionnelle (CFP)

  • Toute entreprise est redevable de la CFP qui permet de bénéficier d’un droit à la formation.
  • Le paiement se fait via l’URSSAF selon l’activité de l’entreprise.

Obligations spécifiques selon le statut ou l’activité

  • Le micro-entrepreneur doit déclarer son chiffre d’affaires tous les mois ou tous les 3 mois selon l’option choisie. Même un chiffre d’affaires égal à zéro doit être déclaré.
  • Régime réel simplifié : Lorsque l’entreprise dépasse les seuils de la franchise, ou opte volontairement, elle peut passer au régime réel simplifié, avec des obligations déclaratives allégées par rapport au régime réel normal.

  • Régime réel normal : Il s’applique notamment dès que l’entreprise dépasse des seuils élevés de chiffre d’affaires HT. Dans ce régime, les déclarations de TVA sont plus fréquentes (mensuelles ou trimestrielles).

Tableaux récapitulatif des obligations fiscales lors de la création de votre entreprise

 

Obligations fiscalesMicro-entrepriseEI / Sociétés (régime réel)
Déclaration du résultatDans la déclaration personnelle (micro-BIC/BNC)Déclaration professionnelle (IR : formulaires selon activité / IS : 2065-SD)
TVAFranchise en base ou TVA selon seuilsRéel simplifié ou réel normal selon CA
Paiement de l’impôtPaiement sur le revenu du dirigeantAcomptes d’IS + solde selon le résultat
CFEExonération l’année de créationExonération l’année de création
CFPOui via URSSAFOui via URSSAF

Vos questions sur les obligations fiscales lors de la création de votre entreprise

Oui, selon le régime fiscal choisi : impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés. L’entreprise doit déclarer et payer l’impôt lié à ses résultats.
Non ✅ La CFE n’est pas due l’année de création de l’entreprise.
Tout dépend du régime fiscal : franchise en base (pas de TVA) ou réel simplifié/normal (déclarations régulières).
Le micro-entrepreneur doit déclarer son chiffre d’affaires mensuellement ou trimestriellement, même à 0 €.
Une société doit déclarer ses résultats au moyen d’une déclaration professionnelle (IR ou IS) dès la première année.

À propos de l'auteur Jean-Noël Bouffar-Roupé

Fort de 21 années d’expérience au sein du cabinet Sermorens Consultants, Jean-Noël Bouffar-Roupé est Chef de mission, où il accompagne de manière rapprochée les entrepreneurs dans l’atteinte de leurs objectifs de réussite. Ses 21 années passées dans le cabinet lui ont permis de développer une solide expertise en gestion comptable, fiscale et financière